L'incroyable trafic de graisse humaine au Pérou

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Entre horreur et incrédulité, une enquête tente de démêler le vrai du faux alors que la police péruvienne vient de mettre au jour un réseau présumé de trafic international de graisse et tissus humains.
 

Les faits «paraissent incroyables, mais c'est la vérité», a dû insister le ministre de l'Intérieur Otavio Salazar, devant l'incrédulité générale. La police péruvienne a annoncé avoir arrêté quatre personnes soupçonnées d'appartenir à un gang qui enlevait et tuait des paysans pour récupérer leur graisse ensuite revendue.

La police a été mise sur la piste de cet étrange trafic après l'arrestation d'un homme en possession de graisse humaine au début du mois à Lima. En tout, quatre Péruviens, trois hommes et une femme, ont été arrêtés et sept personnes au moins sont recherchées, dont deux ressortissants italiens identifiés à partir de communications téléphoniques.

10 000 euros le litre de graisse humaine Ces intermédiaires italiens soupçonnés «achetaient apparemment la graisse pour ensuite la vendre à des laboratoires européens», a souligné le procureur Jorge Sans.

Le prix pouvait atteindre 15 000 dollars le litre (10 000 euros), selon la police. Les victimes pourraient se compter par dizaines. Le leader présumé de la bande, Hilario Cudena, 56 ans, en a mentionné «plusieurs» sur plus de 30 ans. Mais à ce jour, un seul meurtre est avéré: un homme de 27 ans enlevé mi-septembre dans la région de Huanuco, et dont des restes ont été retrouvés.

Dix-sept litres de graisse d'origine humaine ont été saisis. S'appuyant surtout sur des aveux, la police a livré de nombreux les détails sordides sur le sort des victimes qui étaient décapitées puis dépecées. La graisse était extraite du thorax par suintement, à la chaleur de bougies, une macabre alchimie qui pouvait durer 2 à 3 jours dans des maisons abandonnées ou isolées.

Une soixantaine de disparitions A la lumière de cette affaire, une soixantaine de disparitions survenues depuis plusieurs années dans la région paraissent suspectes à la police. Mais elle n'a retrouvé aucun autre des restes humains «jetés dans des rivières ou des précipices», selon les suspects.

En outre, le général de police Eusebio Felix a indiqué qu'il fallait prendre avec prudence les aveux de Cudena, jugé cynique et affabulateur par un expert psychologique. «Mais nous avons trouvé des indices suffisants pour être quasiment sûrs à 100% que nous sommes en présence d'une affaire de "pishtacos"», a-t-il dit.

Ce terme, dérivé du quechua «coupé en lamelles», renvoie à la culture populaire andine. Le pishtaco, personnage sinistre qui a travers les âges a pris l'apparence de «l'étranger», du «non-indien», attaquait des femmes ou passagers isolés, pour les tuer, dépecer, et vendre leur graisse et tissus pour en faire des lubrifiants, des savons, des onguents ou des crèmes diverses.

Mais l'incrédulité et l'incertitude entourant l'affaire ont été nourries par le scepticisme de plusieurs chirurgiens péruviens, cités dans la presse vendredi. Ceux-ci s'étonnnent d'un modus operandi artisanal et fastidieux alors que des quantités de graisse humaine extraite en chirurgie, et de qualité plus pure, sont régulièrement mises au rebut par des hôpitaux, et faciles à se procurer.
 

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