Fantôme : La dame blanche de Mortemer Lisors
- Par sodjcasting
- Le 28/01/2016
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- Dans Mystère Paranormal
L'abbaye de Mortemer a été fondée en 1134 par Henri 1er dit "Beauclerc", roi d'Angleterre et duc de Normandie, quatrième fils de Guillaume le Conquérant.
Ne voulant pas que les moines bénédictins de l'abbaye de Beaumont-le-Perreux quittent la Normandie, il fit le nécessaire pour leur permettre de s'installer dans le vallon de Mortemer où quelques moines-ermites vivaient déjà dans des bâtiments de fortune. Le nom "Mortemer" vient du latin "Mortum Mare" (ce qui signifie "mer morte"), et fait allusion au fait que le site était une zone de marécage, traversé par un ruisseau répondant au nom de Fouillebroc.
Grâce à de généreuses donations en majeure partie royales, la construction des premiers bâtiments conventuels a commencé dès 1134. En 1135, le roi Henri 1er mourut en sa demeure de Lyons-la-Forêt, d'une indigestion de lamproies si l'on en croit les récits de l'époque. Sa fille Mathilde (qui vécut de 1101 à 1166) poursuivit néanmoins son oeuvre et demeura cinq ans à Mortemer, faisant construire l'église abbatiale et quelques autres bâtiments conventuels, ces derniers incluant notamment deux hostelleries qui servaient à accueillir les visiteurs de passage et dans lesquelles Mathilde séjourna elle-même à plusieurs reprises.
En 1137, les moines bénédictins de Mortemer furent reçus dans l'Ordre de Cîteaux, suivant l'exemple de l'abbaye d'Ourscamps à laquelle était affiliée celle de Beaumont-le-Perreux dont ils étaient originaires. L'abbaye de Mortemer devint alors la toute première abbaye cistercienne de Normandie. Les années passèrent et la petite communauté s'aggrandit progressivement. Au début du XIIIème siècle, les bases de l'abbaye étaient enfin construites, et la consécration de l'abbatiale eut lieu en 1206.
Au Moyen-age, l'abbaye de Mortemer était sans conteste l'une des plus puissantes de Normandie. Elle possédait des maisons, des manoirs, des granges, des fermes et des églises dans toute la région (jusqu'à Rouen et Paris) ; elle comptait même quelques possessions jusqu'en Angleterre. C'est au XVème siècle qu'elle vit son apogée, abritant alors une population de l'ordre de 150 à 200 moines. C'est aussi à cette période qu'elle devint française (rappelons qu'avant cette période, la Normandie était un duché appartenant à l'Angleterre).
Malheureusement, au XVIème siècle, cette dépendance du royaume de France coûta cher à l'abbaye, car elle tomba alors, comme tant d'autres établissements religieux, sous le régime de la Commende. Cela signifie que ses richesses étaient alors gérées par des laïcs. Conséquemment, elle s'appauvrit rapidement et les ressources commencèrent à manquer pour pouvoir entretenir comme il se fallait les bâtiments, qui ne tardèrent pas à se détériorer.
Au XVIIème siècle, ces dégradations avaient atteint une telle ampleur que le Parlement de Rouen décida d'intervenir, ordonnant que furent effectuées des réparations d'urgence. L'église fut alors rénovée d'une manière sommaire, la toiture du colombier (datant du XVème siècle) fut remaniée, la galerie Nord du cloître fut reconstruite, et les ailes Sud et Ouest furent rebâties intégralement sur les vestiges du Moyen-Age. Malgré tout, le déclin continua et la population monastique ne cessa de décroître. On peut parler d'un déclin à la fois matériel et spirituel, avec notamment une anecdote faisant état d'une rixe survenue à Rouen, dans laquelle furent impliqués des moines de Mortemer.
Lorsque débuta la Révolution Française, l'abbaye n'était plus que l'ombre d'elle-même. Il n'y avait alors plus que cinq moines, vivant dans ce qui commençait déjà à ressembler à des ruines, et avec pour tout cheptel trois vaches, trois chevaux et une génisse. Cela n'empêcha pas les révolutionnaires de voir en eux des affameurs du peuple, et de pourchasser les quatre derniers de ces cinq moines jusque dans le cellier de l'abbaye, où ils furent exécutés, leur sang se mêlant au vin coulant des tonneaux éventrés.
En 1792, les derniers moines étant morts, l'abbaye devint un bien national et fut revendue à un habitant des Andelys, un certain sieur Duval, qui la transforma en corps de ferme. Au début du XIXème siècle, l'aile Ouest (qui avait été reconstruite en 1680 au même titre que l'aile Sud) fut démolie, et l'église, qui tombait en ruines, fut reconvertie en carrière de pierres. Les propriétaires se succédèrent ensuite, chacun apportant à l'abbaye son lot de modifications pour l'adapter à sa convenance.
Il fallut attendre 1926 pour que l'abbaye fut mentionnée une première fois sur l'Inventaire des Monuments Historiques, et encore une trentaine d'années supplémentaire pour qu'elle fut définitivement classée monument historique. C'est dans les années 70 que fut créé le Musée des Fantômes et des Légendes, toujours existant, dans le sous-sol de l'aile Sud. Lorsque vous visitez l'abbaye, vous avez également accès au rez-de-chaussée de l'aile Sud, lequel contient quatre pièces meublées correspondant à l'emplacement de l'ancien réfectoire des moines (notez que cette visite s'effectue en compagnie d'un guide, à savoir moi-même ou l'un de mes collègues).
Les légendes. L'abbaye est un site historique, bénéficiant du décor enchanteur offert par la Forêt de Lyons (plus belle hêtraie d'Europe), mais sa notoriété lui vient également de ses nombreuses légendes. Elle est en effet réputée hantée, et ce, depuis de nombreuses années. Elle a même d'ailleurs été exorcisée à plusieurs reprises, la dernière fois remontant à 1921. Les principales légendes relatives à Mortemer et ses alentours sont les suivantes : - L'abbaye serait hantée par une Dame Blanche, que l'on pourrait parfois apercevoir sur les étangs couverts de brouillard par les nuits de pleine lune. Si elle porte un gant noir, c'est annonciateur d'un grand malheur, voire d'une mort, dans l'année qui suit. Si elle porte un gant blanc, c'est au contraire annonciateur d'un évènement heureux, naissance ou mariage.
Selon une autre version de cette légende, le fait de voir deux fois la Dame Blanche condamnerait à une mort certaine. D'après la croyance populaire, cette Dame Blanche serait le fantôme de Mathilde l'Emperesse, la fille du fondateur de l'abbaye, qui reviendrait hanter ces lieux qu'elle aima tant autrefois, et dans lesquels elle connut également cinq longues années de solitude. Veuillez noter toutefois que Mathilde n'est pas morte à Mortemer : elle est morte en 1166 à Petit-Quevilly, certainement de mort naturelle (65 ans, pour l'époque, était un âge plus que vénérable).
Elle est aujourd'hui enterrée dans une petite chapelle, au fond de la Cathédrale de Rouen. Notez également qu'historiquement, Mathilde était une personne très importante : petite-fille de Guillaume le Conquérant, grand-mère de Richard Coeur-de-Lion, elle hérita du trône d'Angleterre à la mort de son père (en 1135) et y plaça son fils, Henri II, premier souverain de la dynastie des Plantagenêt. - Les fantômes des quatre moines qui furent assassinés dans le cellier seraient apparus à plusieurs reprises, principalement lorsque survinrent les périodes les plus sombres de l'Histoire. Pendant la guerre de 14-18, ils auraient ainsi été vus par des officiers anglais qui s'étaient abrités dans le cellier, et c'est à la suite du témoignage de ces soldats que fut ordonné l'exorcisme de 1921, le dernier en date que connut l'abbaye.
Peu de temps avant la guerre, ces fantômes auraient aussi été vus par une infirmière qui occupait une chambre du premier ou du second étage : en regardant par la fenêtre, elle les aurait aperçus avançant en procession jusque dans le colombier. Il fallut ensuite attendre la Seconde Guerre Mondiale pour que ces fantômes firent à nouveau parler d'eux. Un parachutiste anglais tombé dans la Forêt de Lyons était poursuivi par des nazis, et un moine aurait surgi de nulle part, le conduisant jusqu'à une cellule de résistants (les résistants, sachant très bien qu'il n'y avait plus aucun moine dans la région depuis la Révolution, firent immédiatement le rapprochement avec les fantômes des moines assassinés). - La garrache est une autre légende du pays de Lyons, mais elle ne concerne pas spécifiquement l'abbaye.
Vers la fin du XIXème siècle, Roger Saboureau, métayer, braconnait dans la Forêt de Lyons. C'est alors que lui apparut une louve de belle taille. Sans hésiter, il épaula son fusil et abattit l'animal. En rentrant chez lui, il découvrit avec stupéfaction le cadavre de sa femme, morte des meurtrissures qu'il avait infligées à la louve. Selon la légende, une garrache est une femme qui s'adonne à la sorcellerie et qui, pour être punie de ses péchés, est condamnée à errer sous la forme d'une louve à chaque nuit de pleine-lune. - Une autre légende est celle du Chat Goublin, un lutin apparaissant sous les traits d'un chat et qui serait le gardien du trésor de Mortemer. Selon la légende, si l'on rencontre le goublin et que l'on parvient à rester éveillé plus longtemps que lui, le trésor refait alors surface. - A cela s'ajoutent diverses autres légendes de moindre importance, cela montrant bien à quel point l'abbaye et la terre sur laquelle elle est bâtie sont riches en légendes.
Phénomènes paranormaux ? En plus des légendes que je viens de citer, il existe de nombreux témoignages de personnes qui ont vécu ou séjourné à Mortemer et qui font état de phénomènes pour le moins curieux. Citons en vrac : des bruits de pas émanant de pièces ou de couloirs que l'on sait inoccupés, des pannes électriques inexpliquées, des sensations de présence, des portes ou des fenêtres que l'on retrouve ouvertes alors que l'on est certain de les avoir fermées (parfois même à clé), des tableaux que l'on retrouve décrochés (mais intacts malgré leur chute). A cela s'ajoutent également plusieurs photographies mystérieuses, auxquelles je consacrerai un article un peu plus loin.
La pièce la plus hantée de l'abbaye serait la fameuse chambre rose, située au premier étage (troisième fenêtre en partant de la gauche lorsque l'on contemple la façade méridionale de l'aile Sud). Il semblerait que toutes les personnes qui ont essayé d'y dormir y ont ressenti une sensation de présence oppressante. Alors, l'abbaye est-elle hantée ou pas ? je sais que cette question vous brûle les lèvres... Malheureusement, malgré le fait que j'y travaille depuis plus d'un an, je me trouve dans l'incapacité de vous répondre d'une manière catégorique.
Personnellement, je n'ai jamais rien observé d'anormal, mais j'ai en revanche eu l'occasion de m'entretenir avec diverses personnes qui m'ont certifié avoir été témoins de phénomènes inexpliqués tels que ceux que j'ai énumérés précédemment. Parmi ces personnes, notamment, il y a une ancienne guide, quelqu'un de très rationnel (elle ne croit même pas aux fantômes) et pour qui j'ai énormément d'estime ; elle m'a certifié avoir entendu à deux reprises des bruits dont elle n'a jamais pu découvrir l'origine (la première fois, c'étaient des bruits de pas particulièrement lourds, émanant d'un étage inoccupé ; la seconde fois, c'était le bruit d'une fenêtre qui claquait très fortement, alors que toutes les fenêtres, après vérification, se révélèrent être bien fermées).
J'ai également rencontré deux personnes qui m'ont certifié avoir déjà vu la Dame Blanche ; l'une d'elles a occupé pendant trente ans la maison qui jouxte l'abbaye. Je crois en la sincérité de ces personnes, mais je n'ai pour l'instant pas eu la chance (ou la malchance) d'être témoin moi-même de quelque fait troublant. Je ne puis toutefois ôter à Mortemer le fait qu'elle soit dotée d'une atmosphère très spéciale, et que les bâtiments, ainsi que le parc qui les entoure, une fois la nuit tombée et lorsque l'on s'y promène seul, sont particulièrement sinistres.
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Commentaires (2)
- 1. | 27/05/2017
- 2. | 21/05/2017
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